SARI SCHORR: A Force fo Nature (2017)

Voici le premier album de cette chanteuse originaire du quartier de Brooklyn à New York. Ce disque est produit par le grand Mike Vernon qui a travaillé avec de nombreuses pointures (Eric Clapton, David Bowie, John Mayall) et qui a découvert Sari Schorr à l’International Blues Challenge de Memphis en 2015. Sari a déjà tourné avec Popa Chubby et Joe Louis Walker. Elle possède une voix magnifique et elle est entourée pour l’occasion de trois excellents guitariste : l’immense Walter Trout, Innes Sibun et Oli Brown (la star montante du british blues). Dès le début de « Ain’t got no money » (un blues en mode mineur sur un tempo médium syncopé), on sent que l’on va passer un bon moment. La voix bluesy à souhait de Sari et le solo en feeling d’Innes Sibun ne contredisent pas cette première impression. « Aunt Hazel » balance bien tout en abordant un grave sujet (la tante Hazel étant l’un des nombreux surnoms donnés à l’héroïne). Le morceau commence en blues-rock mid-tempo puis, après un bon break, s’accélère pour un solo efficace. Le lancinant « Damn the reason » met en valeur la voix rauque de Sari et propose un refrain qui se retient bien ainsi qu’un solo d’Oli Brown étonnant de maîtrise. On a aussi droit à du rhythm’n’blues funky (« Cat and mouse », « Oklahoma ») et à un blues rythmé avec slide (« Demolition man »). Au titre des reprises, on peut également apprécier le « Black Betty » de Lead Belly (interprété en blues-rock scandé sur un tempo médium) et « Stop ! In the name of love » (un des hits de la Motown repris en slow avec une guitare mélodique en final). Le blues « Work no more » permet de déguster des interventions phénoménales de la part de Walter Trout (comme à son habitude). Sa guitare sublime se marie à merveille avec la voix splendide de Sari. « Kiss me » mélange les genres (blues-rock syncopé pour les couplets alternant avec des refrains plus calmes et mélodiques) tandis que la ballade bluesy « Letting go » dévoile un solo tout en feeling d’Innes Sibun. L’album s’achève sur « Ordinary life », une très belle chanson mélancolique avec un superbe piano et la voix si émouvante de Sari qui chante la complainte d’une femme solitaire menant une vie ordinaire. Un beau moment d’émotion. Des compositions solides, des musiciens talentueux, une voix envoûtante. On peut raisonnablement penser qu’avec un tel disque, Sari Schorr va fortement secouer le monde du blues-rock. Ce premier essai n’est pas loin du coup de maître !
Olivier Aubry